Carnet de route au Mexique : Mariposa à Oaxaca
Celui qui a respiré la poussière des routes du Mexique ne trouvera plus la paix dans aucun autre pays.
Malcolm Lowry
[box type= »shadow » align= »alignleft » ]Dans l’écho des marcheurs, j’ai l’habitude de partager les aventures d’autres voyageurs à travers des présentations et des petites interviews. Mais s’ils ont envie, je leur laisse aussi la plume pour partager avec nous leur carnets de route et souvenirs.
Pour ce premier carnet, j’ai eu envie de donner la parole à ma sœur, Patricia Grange, auteure, alias Mariposa, « poète aux pieds ailés » (décidément on a tous les pieds ailés dans la famille) qui va nous emmener au Mexique, à Oxaca. Ce sera un carnet de route en 3 parties, une pour chaque jour du voyage.
Vous pouvez la retrouver aussi sur internet :
Son Site Internet : www.patriciagrange.fr
Son Blog : http://www.papillonsdemots.fr
[/box]
Celui qui a respiré la poussière des routes du Mexique ne trouvera plus la paix dans aucun autre pays.
Malcolm Lowry
La citation ci-dessus se vérifie totalement pour moi. Il faut dire que j’ai parcouru le Mexique en bus et à pied, j’en ai donc particulièrement respiré la poussière !
Mon voyage au Mexique a dix ans à présent. Merci à toi Eric de me donner l’occasion de m’y replonger et de le partager avec vous. Le Mexique est une destination à laquelle je ne peux associer d’adjectif. Il m’a profondément marquée et je me considère comme Mexicaine de corazón …
J’étais partie dans le cadre d’un stage de fin d’études de six mois à México D.F. J’ai eu du mal à repartir et depuis… Je rêve de retourner dans ce pays ! Pendant ces six mois, j’ai parcouru et visité tout ce qui était à portée de bus et visitable pendant mes longs week-ends (j’étais en stage en semaine) : l’ensemble de la ville de México en long et en large ; Teotihuacan ; Tula ; Acapulco ; Morelia dans le Michoacan ; Puebla et Cholula ; Cuernavaca ; Guanajuato et San Miguel de Allende ; Taxco ; Jalapa, Xico, les cascades de Texcolo et Veracruz ; San Luis Potosi et pour finir un petit tour dans l’Etat de Oaxaca. Et c’est mon escapade dans ce dernier Etat qui m’a le plus touchée, c’est mon meilleur souvenir mexicain. Peut-être justement parce que ce fut ma dernière excursion ? Certainement parce que ce fut un premier pas en pays véritablement indien, où j’ai touché du doigt le début de la Route Maya que j’aurais tant aimé parcourir. Certainement aussi parce que j’y ai fait des expériences sensorielles inédites !
Je vous livre quelques passages du carnet de voyage de la jeune fille de vingt-cinq ans que j’étais alors, tels quels, sans modification !
Jour 1 :
J’ai pris mon bus jeudi soir vers 23h à México, j’avais 6 heures de trajet. Le bus était direct pour Oaxaca. Tranquille. Pas de films, dodo. Je suis arrivée à Oaxaca à 5h30 vendredi matin.
J’avais réservé dans une auberge de jeunesse décrite comme la plus belle et la plus propre du Mexique : la Casa Paulina. Et je n’ai pas été déçue !
J’avais réservé dans un dortoir, le dernier lit disponible qu’il restait pour le week-end ! J’ai fait mon lit à tâtons dans le noir dans le dortoir de 8 lits superposés, mais malgré tous mes efforts, j’ai quand même un peu dérangé la chambrée.
J’ai émergé vers 9h et pris le temps d’admirer l’auberge. Toute jaune à l’extérieur, elle est peinte en blanc et rouge à l’intérieur, avec une belle salle à manger, un coin télévision et surtout un jardin avec un magnifique bassin à l’entrée.
Je suis allée déjeuner dans le petit « Café del Jardín » sur le Zocalo de Oaxaca. Un zocalo typique des villes mexicaines : petite place occupée par un parc, avec un kiosque au centre, bordé d’un côté par la cathédrale et de l’autre par le palacio del gobierno. J’ai essayé le desayuno oxaqueño : chocolate de agua (le chocolat est une spécialité de Oaxaca. Ils le font à l’eau ou au lait, mais toujours avec de la canelle et des amandes, mmh), pan de yema (une sorte de brioche) et un tamal oxaqueño (le tamal est une pâte de maïs fourrée de viande. Le oxaqueño a ceci de spécial qu’il est fourré de poulet au mole noir qui est également une spécialité de Oaxaca, ce qui est normal puisque le mole est une sauce au chocolat !!!). Bref, délicieux, et tout ceci en regardant les gens se promener sur le Zocalo.
(J’en profite pour préciser que, pour la majorité, les Oxaqueños sont très typés. Ce sont des Indiens, descendants des Olmèques, Zapotèques et Mixtèques qui ont tour à tour peuplé la région. Mais ceux qui l’ont occupée le plus longtemps et y ont laissé le plus de traces, ce sont les Zapotèques).
Puis, j’ai traversé la place pour aller admirer la cathédrale. L’extérieur est plus intéressant que l’intérieur, avec de superbes sculptures dans la pierre, des bas-reliefs et des colonnes qui ornent l’entrée principale.
J’aurais aimé aller jeter un œil à la fresque qui orne l’escalier du palacio del gobierno, mais on était en période électorale dans le Oaxaca et il y avait plein de groupes de défense des droits des Indiens qui occupaient le Zocalo et l’entrée du palacio del gobierno, je n’ai donc pas pu y entrer …
Oaxaca – Zocalo – CathédraleLalo* m’avait dit « S’il y a quelque chose que tu dois absolument voir à Oaxaca, c’est l’église Santo Domingo ». Et il avait raison. Déjà, pour s’y rendre depuis le Zocalo, il faut passer par une rue piétonne, la Calle Alcala. Cette rue est bordée de belles maisons coloniales peintes de couleurs vives, elle est magnifique. Et quand on arrive sur la place de l’Eglise Santo Domingo (Templo Santo Domingo), on retient son souffle. La place elle-même est très agréable, avec ses parterres de maguey (cactus qui sert à l’élaboration du mezcal, autre spécialité oaxaqueña). Et au milieu, se dresse la grande église, déjà pas mal à l’extérieur, mais l’intérieur est à couper le souffle. Cela a beau être très chargé et extrêmement doré, j’ai trouvé ça très beau. A l’entrée, sur le plafond, court un arbre généalogique de Saint Dominique, tout en entrelacs dorés et de couleurs vives. La nef est également entièrement dorée. Mais ce que j’ai préféré, c’est la Capilla de la Virgen del Rosario (Chapelle de la Vierge du Rosaire). La Vierge et l’enfant Jésus, tout de blanc vêtus, au cœur de feuilles dorées.
Je suis ensuite allé visiter le Museo de las Culturas Populares (Musée des cultures populaires) qui est installé dans la partie de l’église qui servait de couvent. Le bâtiment lui-même est magnifique, avec une somptueuse fontaine dans le patio principal !
Ce musée est immense et en plus toutes ses expositions sont intéressantes. C’est la première fois de ma vie que je lis absolument tous les panneaux et tout ce qu’il y a à lire dans un musée. Résultat : j’y ai passé 4 heures et mes jambes n’en pouvaient plus ! Il y avait une exposition sur la culture Maya, avec des objets empruntés aux sites du Chiapas et du Yucatan dont Chichen Itza. Et comme je pense que je n’aurai pas l’occasion d’aller sur place, j’en ai profité. J’ai une profonde fascination pour la culture Maya.
Les autres expositions sont consacrées aux différentes cultures de l’Etat de Oaxaca et c’était également très intéressant.
A un moment donné, j’étais crevée et je me suis assise dans un patio avec vue sur le jardin botanique empli de mille espèces de cactus. Et là, j’ai passé une heure à discuter avec un Oaxaqueño et son fils qui rencontraient une Africaine pour la première fois et qui m’ont posé mille questions sur le Bénin et l’Afrique! Et Ernesto, le monsieur, m’a proposé de m’emmener faire un tour le lendemain. J’ai dit pourquoi pas.
Je suis ensuite retournée me poser un peu à la Casa Paulina. Et là, dans le dortoir, je tombe sur deux filles qui discutent en français. On fait donc connaissance : Lucie, 23 ans, en vacances, et Corine, 34 ans, prof d’espagnol mais actuellement apprentie chamane. On a eu une conversation un peu surréaliste et très axée sur les esprits, mais très intéressante ! Corine m’a posé des questions sur tout ce qui est sciences occultes et vaudou au Bénin, entre autres …
Après cette discussion, j’avais très faim et je suis allée manger à « El Meson », pas loin du Zocalo. J’ai pris un choriqueso oaxaqueño mais je ne l’ai pas trouvé différent de ceux du D.F., sauf que le chorizo était plus fort. Le choriqueso est un taco avec du chorizo et du fromage, tout simplement. J’ai également goûté un flan de nuez (flan aux noix). C’était délicieux.
J’ai ensuite fait le tour des marchés et des boutiques d’artisanat. J’ai acheté de petits objets en barro negro (argile noire) et en vidriado verde (poterie verte et luisante comme si elle avait été vernie) ainsi qu’un alebrije (petit animal en bois peint de couleurs très vives et fantaisistes, le mien est un lézard). Tous ces objets sont des spécialités de Oaxaca.
J’ai profité de mon passage sur le marché pour goûter une autre spécialité du coin : les chapulines (sauterelles). Grillées, avec un filet de citron et un peu de piment. Et bien ? Ça n’a aucun goût particulier, je n’ai senti que le citron et le piment !
* Lalo : Dimunitif d’Eduardo. Pendant mes six mois de stage au Mexique, j’ai logé dans la chambre d’hôte d’Eduardo Alvarado et de sa famille que je vous recommande chaudement : http://juseduardo.wordpress.com/
[box type= »shadow » align= »alignleft » ]Dans le prochaine journée, Patricia nous emmènera visiter les vallées centrales[/box]
Merci pour le partage, je vais retourner au Mexique l’année prochaine, après plus de 15 ans d’absence, j’ai hâte ^^