Carnet de route au Mexique : Mariposa dans les Vallées Centrales
[box type= »shadow » align= »alignleft » ]Dans l’écho des marcheurs, j’ai l’habitude de partager les aventures d’autres voyageurs à travers des présentations et des petites interviews. Mais s’ils ont envie, je leur laisse aussi la plume pour partager avec nous leur carnets de route et souvenirs.
Pour ce premier carnet, j’ai eu envie de donner la parole à ma sœur, Patricia Grange, auteure, alias Mariposa, « poète aux pieds ailés » (décidément on a tous les pieds ailés dans la famille) qui va nous emmener au Mexique, à Oxaca. Ce sera un carnet de route en 3 parties, une pour chaque jour du voyage.
La première partie du carnet : Mariposa à Oaxaca
Vous pouvez la retrouver aussi sur internet :
Son Site Internet : www.patriciagrange.fr
Son Blog : http://www.papillonsdemots.fr
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Jour 2 :
Samedi 7 août 2004, 7 heures du matin à Oaxaca. Tout le dortoir est réveillé par une belle secousse sismique !!! 5,8 sur l’échelle de Richter pendant 2 à 3 minutes. Tout d’un coup, ça s’arrête quelques secondes et d’un seul coup, ça repart pendant 1 minute ! Là, je l’ai bien sentie la secousse ! Rien à voir avec celle qu’il y a eu il y a deux mois au D.F. et qui, elle, pourtant, était de magnitude 6,2 et que je n’avais pas vraiment sentie !!!
Là, au départ, je pensais que c’était ma voisine du dessus (lits superposés) qui bougeait un peu trop, mais je me suis vite rendue compte que c’était tout qui tanguait autour de moi. Mouvement horizontal d’avant en arrière extrêmement rapide ! Ça fait vraiment une drôle de sensation, surtout au réveil, et surtout qu’il y a eu une petite réplique. J’ai quand même eu un peu peur au moment de la réplique, en me demandant si c’était un gros tremblement de terre qu’on allait avoir ! Mais non, la Terre s’est apaisée et nous a laissés en paix jusqu’à la fin de notre séjour.
Je me suis un peu rendormie pour me lever à 8h30 parce que la veille, j’avais acheté un tour pour me promener dans les Valles Centrales (vallées centrales) et le tour partait du Zocalo à 10h.
J’ai donc testé le petit déjeuner de la Casa Paulina : chocolate de leche, salade de fruits, jus d’orange et tortillas avec de la tomate, des haricots et du fromage ! Miam, de quoi commencer la journée en pleine forme et oublier el temblor (la secousse sismique) !
Sur le Zocalo, je fais connaissance avec mes compagnons de tour, en attendant l’arrivée de notre guide : il y a trois Américaines qui partagent mon dortoir à la Casa Paulina, deux couples et une dame avec qui je discuterai beaucoup pendant la journée : c’est une grand-mère mexicaine accompagnée de ses deux petits-fils qui vivent à Los Angeles et sont alors en vacances chez elle. Elle m’apprendra qu’elle fait en sorte qu’ils conservent leur culture mexicaine et surtout oxaqueña. Le guide arrive et je pars pour une journée mémorable !
Le tour commence par la visite d’un petit village, Santa Maria del Tule, célèbre pour son arbre qu’on appelle El Tule, dont le nom nahuatl est « Ahuehuete » qui signifie «le vieil homme ». C’est un cyprès. Il est connu dans le monde entier car il a plus de 2000 ans et présente une circonférence de plus de 40m. 40 personnes doivent se tenir par la main pour en faire le tour ! C’est l’un des arbres les plus vieux et les plus gros au monde ! Assez impressionnant, même si on ne peut malheureusement pas trop l’approcher. C’est frustrant car j’aurais aimé pouvoir le toucher. Mais il faut le protéger des gens qui pourraient avoir envie de rapporter un souvenir, comme un bout de son écorce par exemple. On l’appelle aussi Arbol de Vida (arbre de vie) car les dessins de son tronc noueux peuvent évoquer des animaux.
Puis direction , autre petit village, réputé pour ses tapis en laine. On s’arrête donc dans un atelier tenu par une famille pour une démonstration. A l’origine, il faut acheter la laine. Celle-ci est assez sale et pleine de petits débris. Il faut donc commencer par la peigner avec un instrument qui paraît d’usage très simple mais qui n’est pas du tout facile à manipuler, il faut de la pratique !
Ensuite, il faut laver la laine avec un tubercule qu’ils appellent amole. Il sert à rendre la laine propre, mais aussi à la protéger presque à vie des insectes. Puis, il faut filer la laine et teindre les fils obtenus. Pour cela, les artisans utilisent des colorants naturels, suivant les anciennes méthodes de leurs ancêtres. Ils se servent pour cela, entre autres, de la cochenille qui est un parasite du nopal (cactus). Le sang de ce tout petit animal est naturellement un puissant colorant rouge. Quand on y ajoute du citron, il devient jaune et si on y ajoute de la soude, il devient mauve. Pour le bleu, ils utilisent de l’indigo et pour le jaune, une fleur dont j’ai oublié le nom. Pour le vert, ils mélangent le bleu et le jaune.
Ensuite, vient le tissage, sur un métier à pédale qui ressemble à ceux utilisés par les tisserands d’Abomey au Bénin. Il s’agit d’une étape plus ou moins longue, de 5 heures à 5 mois voire plus, suivant la complexité du motif. Evidemment, le prix est proportionnel.
On s’est ensuite rendus sur le site de Mitla. Il y a là des ruines présentant des mosaïques en relief qui ont perdu leurs couleurs depuis le temps, mais qui sont toujours très belles. Il y a également des tombes. Je suis descendue dans l’une d’elles. C’était terriblement obscur et étroit. Il fallait y circuler accroupi et je me suis pris un bon coup sur la tête en ressortant !
Enfin, on a roulé pendant longtemps à travers de magnifiques paysages de montagne, grimpé à plus de 2000m d’altitude, et la montée en voiture était vraiment superbe ! Les montagnes du Mexique m’ont envoûtée. Il y a quelqu’un qui a écrit « Celui qui a respiré la poussière des routes du Mexique ne retrouvera plus jamais la paix nulle part … » Je ne sais plus qui c’est, mais il avait raison ! Moi je me souviendrai toute ma vie des montagnes mexicaines et surtout de Hierve el Agua (littéralement « l’eau bout ») qui était la visite suivante.
Hierve el Agua a été le clou de ma journée, de mon voyage, l’expérience de ma vie ! En fait, on va jusque là-bas pour admirer une gigantesque cascade pétrifiée. En réalité, il ne s’agit pas vraiment d’une cascade ni d’eau. C’est une formation géologique due à la grande concentration en sels minéraux de la région, qui donne cette impression de chute d’eau pétrifiée. C’est superbe !
Mais en fait, ce qui m’a le plus intéressée, ce sont les bassins naturels qui se sont formés dans la roche aux alentours. J’y ai pris un bain que je ne suis pas près d’oublier !
Imaginez-vous des bassins creusés dans une roche couleur jaune ocre pâle, avec de l’eau vert bleu dans des tons pastels magnifiques qui se parsèment de mille et un reflets de tons différents sous les rayons du soleil et tout ça, en bordure de … falaise ! Avec la montagne bleue et verte qui s’offre et s’étale à vos regards … Moments de sérénité et de paix intense malgré l’affluence des visiteurs. Je me suis immergée dans un bassin et je suis restée là cool tranquille à simplement respirer le calme et le bonheur pendant une demi-heure. C’est la première fois de ma vie que je prends un bain à 2000m d’altitude !
Par contre, je ne sais pas pourquoi ils ont appelé cet endroit Hierve el Agua. L’eau y est très fraîche et même quelque peu gelée au premier abord. Après, on s’habitue et on a l’impression qu’elle est tiède ! Bon, et puis ça allait, il ne faisait pas trop frais malgré l’altitude et il y a eu beaucoup de soleil.
Je me suis installée dans un des nombreux comedores situés un peu en contrebas pour déguster des spécialités de Oaxaca. J’ai d’abord goûté une memelita. C’est une petite tortilla avec de la purée de haricot, des tomates, de l’avocat et du fromage. Puis j’ai essayé une tlayuda qui est une grande tortilla sèche avec de la purée de haricots, des tomates, des avocats et du fromage oaxaqueño, cela ressemble à une pizza ! C’était bien bon tout ça !
J’ai fini juste à temps pour regrimper dans le minibus du guide pour le retour à Oaxaca. Sur le chemin, on s’est arrêtés dans une fabrique de mezcal, l’eau de vie spécialité de Oaxaca, élaborée à partir du maguey qui est un cactus. Là, j’ai été un peu déçue. Je pensais qu’on allait nous faire une démonstration de la préparation de cette boisson. En fait, ils nous ont présenté les différents types de mezcal, nous ont offert une dégustation, puis nous ont invité à acheter !
Alors, il y a d’abord le mezcal pur, « natural » comme ils disent, qui est meilleur (d’après eux) añejo ou reposado (c’est-à-dire vieux, comme pour le vin). Le mezcal a ceci de particulier que dans la bouteille se trouve un gusano (un ver quoi !) censé lui procurer davantage de saveur. Normalement quand on finit la bouteille, on doit croquer le gusano ! Et le mezcal se boit accompagné de gusano en poudre, mélangé avec du sel. On a donc goûté tout ça. Je n’ai pas trouvé de goût spécial à la poudre de gusano, elle était plus salée qu’autre chose. Je n’ai pas vraiment apprécié le mezcal natural. Il est très fort en alcool et a un arrière-goût de fermenté très spécial que je n’ai pas du tout aimé.
Par contre, j’ai adoré les crèmes de mezcal aux fruits : maracuya (fruit de la passion), orange, coco, café, j’ai tout goûté ! Et j’en ai acheté une petite bouteille au coco !
Retour à la Casa Paulina. Le temps de prendre une douche et la réception m’avertit qu’Ernesto (le monsieur que j’ai rencontré au musée hier) m’attend en bas. J’hésite deux secondes. Après tout, je ne le connais pas. Est-ce que je peux lui faire confiance et le suivre comme ça, en voiture ? En plus, il pleut des cordes ! Finalement, j’y vais, il m’a fait bonne impression et je fais confiance à mon intuition. Il avait surtout envie de prolonger notre conversation sur l’Afrique et le Bénin. Donc, je l’ai suivi. Il m’a emmenée à l’observatoire d’où on a une superbe vue sur la ville et à l’auditorium de la Guelaguetza. La Guelaguetza est la plus grande fête de l’État de Oaxaca, pendant laquelle des groupes viennent de tout l’État parader dans leurs vêtements traditionnels très colorés, chanter et danser. Malheureusement, la Guelaguetza a lieu en juillet et je l’ai ratée.
On a un peu discuté. Il m’a raconté l’histoire de la ville et notamment l’origine de son nom. En fait, la ville a été fondée sous des arbres qui s’appellent Oaje, et Oajaca (qui s’écrivait avec un J à l’origine) signifie « le lieu des Oajes ». On trouve toujours beaucoup de oajes à Oaxaca. Il m’en a montrés. Ce sont des acacias.
Puis il m’a ramenée à la Casa Paulina. J’ai passé la soirée avec des amies venues en stage comme moi au Mexique et de jeunes Mexicains et Mexicaines croisés sur nos routes : Maison de la culture de Oaxaca dans l’ancien couvent de l’église de Santo Domingo pour une soirée d’art contemporain très spéciale et à laquelle aucun de nous n’a rien compris ; puis bar jusqu’à 1h du matin !
[box type= »shadow » ]Dans le prochain et dernier carnet, patricia nous emmenera à Monte Alban, la montagne blanche.[/box]
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[…] un grand merci à mon frère, Eric, le grand orchestrateur de la technique en […]
[…] Quant à la description que l’auteur fait de ce superbe ficus, elle m’a fait frissonner à plusieurs reprises. Entre les branches de ce dernier, j’ai ressenti l’aura de l’arbre de Tule, rencontré autrefois sur mes chemins mexicains. […]
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